? Mutations ?

Le projet Mutations nait en 2016 de la volonté d’une équipe d’enseignants, de chercheurs et de praticiens de l’ENSArchitecture Nancy, de travailler ensemble sur le constat sans appel de l’imminence de transformations socio-économiques, culturelles et surtout environnementales graves et profondes, à l’échelle locale comme globale. Appartenant à l’axe 3 du Laboratoire d’Histoire de l’Architecture Contemporaine (LHAC) intitulé « Production et réception de l’architecture », les membres de l’équipe Mutations sont convaincus que ces transformations ont un impact sur l’habiter dans toutes ses dimensions et nécessitent d’interroger les fondements des métiers et des pratiques liées à l’architecture, ainsi que de penser leurs effets dans les champs de l’enseignement et de la recherche.

Menées dans les champs de la pratique architecturale, de la philosophie, de l’anthropologie et de la sociologie, les recherches de l’équipe « Mutations » partagent le constat sans appel des profondes mutations de l’espace socio-économique, culturel et environnemental en cours. Elle se propose donc de repérer et d’anticiper les grandes transformations et les « signaux faibles » qui traversent les sociétés, et de penser leurs effets pour la pratique et la pensée sur l’architecture. Pour les aborder dans une visée critique et prospective, elle les envisage en articulant deux orientations de recherche étroitement connectées, l’une orientée vers la « production » de l’architecture et l’autre vers sa « réception ».

La production de l’architecture et de l’urbanisme est pensée dans un contexte socio-économique, culturel et environnemental inédit et dans ses implications anthropologiques et théorique. Elle se construit à travers l’étude de l’organisation des intervenants, des modes de représentation et des processus de conception, ainsi que dans l’élaboration des structures et de l’emploi des matériaux. Elle s’intéresse à ces questionnements dans le champ des métiers de l’architecture, et analyse leurs impacts en termes d’habitabilités alternatives. Elle explore non seulement les processus à l’œuvre chez les professionnels, mais aussi les transformations de l’espace opérées par les populations et leurs constructions politiques.

La réception de l’architecture et de l’urbanisme contemporains, de leurs objets et espaces, est interrogée en termes d’expérience, de représentations, de significations et d’usages, ainsi que du point de vue de leurs effets sociaux, politiques et environnementaux. Elle s’intéresse autant à la réception par les habitants que par la critique. Elle interroge nos manières d’appréhender les objets architecturaux et leurs effets sur leurs usagers, par un questionnement sur les notions d’expérience, de perception, de signification, en convoquant notamment les ressources de la sémiotique, de la systémique, et celles des enquêtes de terrain. Elle regarde comment et en quoi les spatialités et les spatialisations liées aux mondes contemporains contribuent à modifier nos mythes, nos rites, nos rythmes, nos cultes, nos légendes, nos idoles et nos façons de composer nos fictions et récits. Il s’agit également de se nourrir de la rencontre d’autres mondes afin de nourrir notre compréhension de l’ici.

Les orientations proposées recouvrent le réseau de questionnements traditionnellement portés par la théorie et la critique architecturale, et visent à son enrichissement par la rencontre avec les sciences sociales. Mutations fait l’hypothèse que la confrontation entre pratiques professionnelles et spontanées, théories architecturales et approches anthropologiques, entre questionnements philosophiques et enquêtes sociologiques, est désormais nécessaire pour penser la production et l’occupation de l’espace au XXIe siècle, et leurs implications sur les pratiques habitantes, les identités, les enjeux politiques, symboliques, rituels, techniques, poétiques et éthiques.

Ce site internet met à disposition de tous les réflexions menées par l’équipe ainsi que des retranscriptions ou des synthèses des évènements que celle-ci a organisés. L’équipe remercie l’École nationale supérieure d’architecture de Nancy, le Laboratoire d’histoire de l’architecture contemporaine et la Métropole du Grand Nancy qui ont rendu possibles ces travaux.